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Comment un médecin du travail passe d'un cas individuel de souffrance au travail à une approche collective ? Entretien avec Françoise Mesnard, médecin du travail au sein du Service de Santé au Travail des Deux –Sèvres et vice-Présidente du Conseil Régional du Poitou-Charentes chargée de l'Enseignement supérieur et de la Recherche qui souligne les différents risques de dérives.

Pourquoi est-il délicat pour un médecin du travail de déclencher une alerte sur un cas individuel de souffrance au travail ?
Nous évitons de rester sur une approche individuelle dans un cas manifeste de souffrance au travail car c'est souvent l'organisation du travail qui est en question. La souffrance concerne donc potentiellement d’autres personnes. Ce passage de l'individuel au collectif est d'autant plus difficile que la souffrance au travail est encore malheureusement réduite au harcèlement moral qui rime avec personnalisation. Cette confusion entre souffrance au travail et harcèlement ne nous rend pas service. La personnalisation de la souffrance au travail est une dérive. Quand un médecin du travail décide de sonner l'alerte à partir d'un cas individuel pour initier une démarche collective, il doit le faire sans exposer le salarié qui en est à l'origine.

Quelle démarche préconisez-vous ?
Les élus du CHSCT sont automatiquement dans la boucle lorsque j'alerte la direction ou que je lui adresse tout autre document. C'est l'une des clés de la confiance entre les partenaires. Le problème est que les médecins du travail n'ont pas de règles de  métiers sur lesquels s'appuyer. Une fois l'alerte lancée, je préconise  la méthode de l'ergonomie participative pour aborder la problématique de l’organisation du travail. Nous ne disposons pas encore de cette compétence dans notre service de santé au travail. En attendant d’internaliser cette compétence d’ergonome, nous faisons donc appel à des prestataires externes avec lesquels nous travaillons depuis plusieurs années dans une approche psycho-dynamique . Je suis très inquiète de la façon dont certains consultants se positionnent sur le marché de la gestion de la souffrance au travail en entreprises. Des approches trop axées sur les histoires individuelles peuvent occasionner des dégâts considérables. Surtout quand les salariés sont déjà très déstabilisés par les dysfonctionnements de l’organisation du travail . Il faut recentrer en permanence la réflexion sur le travail et sortir des problèmes de personnes.

Avez-vous la confiance des directions et des élus des CHSCT ?
Il y a toujours des directions qui ne veulent pas admettre la souffrance au travail mais elles sont rares et je pense avoir globalement leur confiance. La difficulté des entreprises est le manque de cadres formés à l’organisation du travail pour des productions de plus en plus complexes. Paradoxalement, ce sont parfois les CHSCT qui bloquent sur la mise en œuvre d’actions face à une souffrance au travail. Quand cela se produit, on s'aperçoit que les élus font souvent partie des effectifs du service ou il y a un dysfonctionnement.  Ils ont l'impression d'être en porte-à-faux. C'est le constat d'un échec. Quand un CHSCT est défaillant , il est très difficile d’avancer sur l’analyse des problèmes de l’organisation du travail. J'ai l’exemple récent d'un élu, qui croyant bien faire, avait pris l'initiative d'ouvrir une permanence pour prendre en charge sur le plan psychothérapeutique les salariés en souffrance mais avait bloqué la demande d’une expertise de l’organisation du travail du service concerné.

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Merci à MiroirSocial (Réseau d'Information Sociale sur le Net) qui nous autorise à reprendre ici cette interview
http://www.miroirsocial.com/




Le 3 décembre 2008 : jour du srutin, vote à l'urne. Le matériel de vote par corresponance sera envoyé à tous les électeurs à la mi-novembre 2008.

Tag(s) : #L'AIR DU TEMPS
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