Le baromètre sur la réalité du travail des cadres, commandé à CSA par la CGT des cadres et technicien-nes, met en évidence l’accentuation des pressions que subissent les cadres dans leur travail ainsi que leur recherche d’autres voies.
Ainsi, près de neuf cadres sur dix (85 %) ressentent le stress et 94% estiment qu’il a augmenté depuis 2001, soit plus de 8 points supplémentaires. Les partisans de
la gestion par le stress devraient repenser l’efficacité de leur dogme car l’appréciation est bien loin du discours sur le stress « positif ».
Les situations, sources de stress sont afférentes aux pratiques managériales (72 %), (objectifs impossibles à atteindre, course à la performance, exacerbation de la concurrence) et à
l’intensification du travail (86 %), (charges trop élevées, course au temps, disponibilité quasi-permanente). Et dans ce contexte de crise financière, la pression des actionnaires et le risque de
chômage deviennent des préoccupations angoissantes pour une majorité de cadres, 55 % (soit + 7 points par rapport à 2007).
La pression sur les cadres s’accompagne d’une pression de plus en plus forte (+ 12 %) sur l’éthique et plus d’un quart des cadres se disent déjà contraints de faire des choses contraires à leur
éthique. On est donc bien loin de l’entreprise « citoyenne » puisque les salariés n’y jouissent d’aucun respect pour les valeurs dont ils sont pétris.
Ces discordances ne sont-elles pas aussi à l’origine de fractures psychiques, qui se traduisent par une augmentation des dopages, dépressions jusqu’aux suicides au travail ? Mis en cause dans les
récentes affaires de suicides au travail, les systèmes d’évaluation sont très décriés puisque 50%estiment être jugés sur des critères arbitraires et 46%disent s’être vu demander une disponibilité
jugée permanente.
Les cadres souffrent aussi de n’avoir aucune visibilité sur la stratégie de leur entreprise (73 %) mais ne s’y résignent pas et estiment au contraire à 85 % que le droit d’expression dans
l’entreprise est prioritaire et 72% estiment importante leur participation aux décisions.
Quant aux rémunérations ils ne sont que 6% à s’estimer satisfaits et 41 % ne la trouvent pas satisfaisante compte tenu de leur charge et de leurs horaires de travail, de leurs responsabilités et
de leur qualification. C’est ainsi que la rémunération reste avec l’ambiance de travail, la première des préoccupations (37 %, + 6 points par rapport à 2007).
Décidément bien rétifs au management en vogue dans les entreprises, les cadres marquent aussi un attachement massif à leurs jours de RTT menacés de plus en plus grâce au vote de la loi cet été
permettant aux entreprises de dénoncer les accords, imposer et élargir le forfait-jours. Ils n’adhèrent pas non plus au principe de la rémunération individualisée et sont près de huit sur dix (78
%) à estimer que la part fixe doit augmenter aux dépens de la part variable.
Attachement à la RTT, augmentation de la part fixe dans les salaires semblent constituer une recherche d’équilibre et de sécurité. Il s’agit de se protéger contre les pratiques managériales
chronophages et l’opacité arbitraire de l’individualisation des salaires. Mais ces aspirations sont aussi sources d’épanouissement et de reconnaissance : pour une pleine réussite de sa vie dans
et hors travail et une reconnaissance dans le long terme de sa qualification.
Ce sondage qui confirme donc l’aggravation du vécu des cadres témoigne aussi des possibilités de construire avec eux des revendications de nature à changer la donne, construire une autre manière
de travailler, changer les finalités du travail et lui redonner un sens. L’Ugict-CGT a par ailleurs annoncé une conférence de presse le 25 novembre prochain où elle donnera les résultats de la
consultation « Votre travail, comment le voulez-vous ? ». Celle-ci peut être remplie en ligne ou téléchargée sur le site www.ugict.cgt.fr