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Sanofi. Une financiarisation sans limite

Sanofi, GSK, Pfizer, les laboratoires pharmaceutiques, avares sur l’emploi et la recherche, ne le sont pas sur les dividendes. Le secteur est plombé par les actionnaires.

Chris Viehbacher, ou l’incarnation de la financiarisation des labos. En décembre 2008, son arrivée à la tête de Sanofi-Aventis avait été saluée très positivement par la sphère financière. Manager à l’anglo-saxonne, ancien responsable de l’Amérique du Nord chez GlaxoSmithKline (GSK), Chris Viehbacher promet de gâter les actionnaires. En 2009, c’est chose faite. Chez Sanofi, les dividendes ont progressé de 9,1 %. La firme française n’est pas la seule à exploser les scores en période de crise  : GSK a vu monter ses dividendes à 61 pence par action, soit 7 % de hausse en 2009. Quant au numéro 1 mondial, Pfizer, qui avait prévu la division de son dividende par deux pour financer l’acquisition d’un autre laboratoire (Wyeth), il a tout de même annoncé le versement d’un dividende de 18 cents pour les trois premiers mois de 2010, contre 16 centimes au dernier trimestre 2009.

La financiarisation des labos ne semble pas avoir de limite. Un rapport des députés communistes daté de février 2010 révèle que sur 7,1 milliards de résultats nets en 2007, Sanofi en a consacré 5,8 aux actionnaires, une partie en dividendes, l’autre partie en rachat d’actions. Au jourd’hui, la part des profits distribués aux actionnaires dépasse souvent les investissements. Pourtant, d’après un article de l’économiste Matthieu Montalban, daté de 2009, les firmes européennes comme Sanofi conservent une majorité d’actionnaires industriels et familiaux. Loin des labos anglo-saxons dont les actionnaires sont des investisseurs institutionnels qui ont une gestion active de l’épargne. Pour autant, toute n’est pas rose. Chez Sanofi, la prise de risque est minimisée. Le processus d’externalisation de la recherche est amorcé et les investissements sur les médicaments « blockbusters » favorisés. Pour améliorer leur compétitivité, les labos multiplient aussi les restructurations et les diminutions des coûts, à renfort de suppressions de postes. GSK en prévoit déjà une extension de son programme de restructuration à l’horizon 2012, avec 500 millions de livres de coûts visés. Pour stopper ces dérives, le groupe communiste à l’Assemblée nationale demande l’ouverture, depuis février dernier, d’une commission d’enquête parlementaire sur les laboratoires européens. Les députés demandent une réflexion approfondie sur ce mode de gouvernance. Pas de quoi faire ciller Chris Viehbacher. Malgré 8,5 milliards d’euros de bénéfices en 2009, cinq plans de restructuration sont en cours chez Sanofi.

C.R.

http://www.humanite.fr/2010-05-18_Politique-_-Social-Economie_Sanofi-Une-financiarisation-sans-limite

 

Tag(s) : #C'EST DANS LA PRESSE
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