Communiqué de la Fnic-Cgt
La CGT a été invité par le cabinet de Xavier Bertrand à une séance d'explications sur la révision de l'évolution des dépenses de santé qui sera limitée en 2012 à 2,5 %.
La cure d'austérité se poursuit et est particulièrement violente pour les patients avec les multiples mesures de déremboursement, le 4e jour de carence en cas d'arrêt de maladie... Le résultat est un reste à charge qui atteint aujourd'hui 45 % pour les patients qui ne bénéficient pas d'une prise en charge dans le cadre d'une affection de longue durée. Ces sommes ne sont qu'incomplètement couvertes par les organismes d'assurance complémen-taire et la conséquence est catastrophique : aujourd'hui 29 % de la population renoncent à des soins pour des raisons financières. Par ailleurs, la taxe supplémentaire imposée à ces organismes va renché-rir le coût des contrats et entraîner une accélération du mouvement de démutualisation que nous connaissons actuellement.
Pour les hôpitaux, la potion est amère. La Fédération hospitalière de France estime à 3,1 % l'augmentation nécessaire pour simplement maintenir le volume des emplois dans les établissements. Une augmentation limitée à 2,5 % des budgets hospitaliers va donc se traduire par des milliers de suppressions de postes.
Pendant ce temps, la vie est belle pour l'industrie pharmaceutique et notamment son champion français Sanofi-Aventis. Ce groupe est très rentable : pour un peu moins de 30 milliards d'euros de chiffre d'affaires, il a engrangé 9 milliards d'euros de bénéfices, soit à peu près le déficit prévisionnel de l'assurance maladie pour 2011. Alors que, comme tous les grands groupes, son taux d'imposition est très faible, il a fait passer la part des bénéfices versés en dividendes à ses actionnaire à 50 %. Il bénéficie, par ailleurs, de la niche fiscale du crédit d'impôts recherche. Il touche pour cela 100 millions d'euros alors qu'il est en train de boucler un plan de suppression de 4000 emplois et qu'il en annonce 1800 supplémentaires pour 2012, dont 800 dans la recherche.
Dans le domaine de ce qui est appelé par certains «l'or gris», c'est-à-dire les établissements pour les personnes âgées dépendantes, la crise n'existe pas. L'exemple du groupe ORPEA-CLINEA est emblématique. Hausse de 27% du chiffre d'affaires pour le premier semestre de 2011 et augmentation de la rentabilité opérationnelle cou-rante de 24,8%. Eux aussi engrangent les bénéfices et se défaussent sur l'hôpital public de la prise en charge des personnes âgées dès qu'elles présentent le moindre problème, notamment la nuit et les week-ends.
Ces exemples montrent que l'argent existe, mais qu'il n'est pas dans les bonnes mains. Est-il normal que des groupes puissent bénéficier d'une telle rentabilité avec de l'argent public ? Pour nous, la réponse est non. Au-delà des mesures « cosmétiques » de réduction des niches et avantages fiscaux des en-treprises, la taxation des bénéfices ainsi que la diminution des tarifs représentent des solutions qu'il faut aujourd'hui imposer. Nous pensons par exemple qu'il faut cesser d'accorder un crédit d'impôts re-cherche à des entreprises qui font des bénéfices et qui suppriment des emplois. Cela permettrait de récupérer une bonne partie des 4,5 milliards d'euros versés aux entreprises et dont la Cour des comptes vient de souligner la faible efficacité.
En l'absence de telles décisions politiques, notre système de protection sociale va être démantelé, avec comme conséquence une dégradation de l'état de santé de la population. La CGT ne peut accep-ter cet état de fait et mettra tout en oeuvre pour obtenir les moyens nécessaires au bon fonctionne-ment de notre système.