Fin octobre 2012 la direction de GSK annonçait un plan de départs volontaires correspondant à la suppression de 66 emplois hors production sur le site d’Evreux d’ici à fin 2013. La cause officielle : la volonté de GSK de "continuer à sauvegarder notre compétitivité retrouvée après les précédents plans de restructuration... " A regarder de plus prêt, c'est bien la volonté du gouvernement de maitriser les dépenses de santé par une approche cout/bénéfice des médicaments qui pousse l'entreprise à de telle extrémités. Encore une fois, c'est l'emploi et les salariés qui subissent les conséquences de décisions conjoncturelles, alors que les subventions aux industriels du secteur pleuvent : 1.6 fois le smic d'exonération de cotisations, crédit impôt recherche ... crédit impôt compétitivité en perspective.
Les 66 postes ouverts à « départs volontaires » se trouvent essentiellement dans les directions Qualité, logistiques et Techniques. La réunion 0 du comité d’entreprise le 21 novembre dernier a permis aux élus du site d’avoir un aperçu des intentions de la direction qui a précisé d’emblée qu’aucun critère d’ordre ne sera activé dans ce processus de départs volontaires.
Pourquoi un PDV à Evreux (Plan de départs volontaires) et pas un PSE ?
Cette formule est de plus en plus utilisée par les entreprises parce que « ça fait moins de bruit » qu’un PSE et surtout cela permet à l’employeur d’éviter d’être attaqué devant les prud’hommes par les salariés licenciés économiques.
Il faut savoir qu’un PDV n’est pas encadré par la loi sauf à être inclus dans une GPEC comme cela l’avait été sur la Visite Médicale de GSK en 2008, et les travers possibles sont nombreux : pression sur les salariés pour les pousser au « départ volontaire », GPEC plus ou moins contrainte qui implique la hiérarchie, autrement dit on fait comprendre au salarié qu’il est souhaitable qu’il change de poste avant qu’il (le poste) ne risque de disparaitre. Le résultat est un stress accru chez les salariés et une détérioration des ambiances de travail : certains salariés voudront accéder à un départ volontaire et ne le pourront pas, alors que d'autres auront tout simplement l'angoisse de perdre leur travail.
Pourtant les élus du site ne se sont pas opposés au projet tel qu’imaginé par la direction, c’est-à-dire sans garanties réelles pour les salariés, projet ouvert à l’arbitraire, car aucune possibilité de négocier des critères d’accès au volontariat n’est énoncé (âge, ancienneté etc...). On peut simplement espérer que les prochaines étapes de consultation du Comité d’Entreprise permettront d’amender favorablement le projet en obtenant des garanties pour ceux que les syndicats sont sensés défendre, et qu'au bout du compte aucun salarié ne soit "volontaire au Pole Emploi".
«La politique du volontariat peut recouvrir le meilleur comme le pire. Certaines entreprises l’utilisent bien, en y associant les syndicats y compris dans une commission de suivi, mais d’autres accumulent les plans de départs volontaires comme un outil de régulation économique, accompagnés simplement de primes plus ou moins attractives », déplore le cabinet Secafi.
Chez GSK, les syndicats sont certes associés au processus, mais on voit bien que ceux d'entre eux qui risquent d’être plus prudents et plus exigeants vis-à-vis du projet de la direction sont habilement écartés. Ainsi la CGT, bien qu’étant représentative, n’a que très peu de moyens d’intervention du fait de sa faible présence dans le Comité d’Entreprise (la désignation d'un Représentant syndical CGT au CE a été récemment rejetée) et du refus qui est fait à ses représentants de disposer du temps de délégation adapté pour étudier le projet de départs volontaires.
A SAVOIR
Dans le cadre d’un PDV, la rupture du contrat de travail se fait à l’amiable. Si aucun motif économique n’est évoqué, il y a de forte chance que le salarié n’ait pas droit aux allocations chômage s’il se retrouve sur le marché de l’emploi.